••• they see us rolling ▬ ft. shizu nishimura ; ☆

Don't grow up : it's a trap.

FEAT. SHIZU & YUICHI

Tu sers sa main dans la tienne, doucement, profitant de ce contact avant t'arrêter en l'écoutant, enlevant ta veste pour lui la faire enfiler, mettant la capuche sur sa tête avant de reprendre sa main et de commencer à marcher, doucement, prêt à la rattraper si jamais elle venait à tomber sous sa fièvre.

▬ En fait, j'en sais foutrement rien. Peut-être le même sentiment que tu as ressenti quand tu es venue me parler tout à l'heure sous la pluie alors que toi aussi tu te fous de moi ? J'en sais vraiment rien. Mais j'vais quand même le faire.

Tu continues de marcher, sortant de la grande-place. La ville est belle la nuit, tu n'as jamais aimé le jour. Tu préfères les cieux étoilés mais la pluie fait parti de tes Muses elle aussi. Vous marchez, marchez, encore et encore après tout il t'en a fallu du temps pour arriver jusqu'ici, pour finalement arriver devant une maison modeste mais moderne. Tu sors de ta poche une clef, donnant un coup avec dans la serrure avant d'ouvrir la porte tandis que Shiki, lui, préfère errer encore dehors à l'écart du regard de la jeune fille. Tu enlèves tes chaussures, allumant la lumière, révélant au final un habitat spacieux et confortable.

▬ Fais comme chez toi. Je reviens, je vais te chercher une serviette.

Tu lâches enfin sa main, montant les escaliers jusqu'à l'étage pour aller récupérer une serviette à la salle de bain ainsi qu'un survêtement et un t-shirt qui seront trop grands pour elle mais c'est toujours mieux que ce qu'elle porte actuellement. Tu redescends, posant tes trouvailles sur un canapé.

▬ Désolé, j'ai pas de sous-vêtements de rechange pour toi vu qu'on est que deux mecs ici. J'vais me faire un chocolat pendant que tu te changes, tu veux boire quelque chose ? finis-tu tandis que tu pars en direction de la cuisine.

Quelle drôle de soirée qui commence.

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▽ Say something, look at me.

Tu n'avais pas demandé tout ça. Tu le méritais encore moins. Tu ne voulais pas qu'il s'occupe de toi. Ou en tous cas tu ne voulais pas te convaincre que c'était légitime. Tes paupières clignent plusieurs fois rapidement, au contact de la pluie sur tes cils. Tu serres doucement sa main dans la tienne, par peur qu'il parte. Par peur de lui faire du mal, peut-être. Par peur de le laisser seul, de faire une bêtise. Parce que c'était dans ta nature.

Vous arrivez alors chez lui ou en tous cas dans la maison que tu estimas être la sienne. Ton regard voyage, nettoie la pièce de tes simples pupilles. Tu avais l'air critique, sévère, et pourtant Dieu savait à quel point tu te sentais bien ici. En sécurité, peut-être. Tu baissas les paupières sans dévier ton regard pour autant. Tu te diriges vers le canapé, regarde les vêtements. C'était beaucoup trop grand.. T'étais pas minuscule, mais il était quand même vachement plus grand que toi. Tu penches la tête, attrapes les bouts de tissus pour les examiner avant de regarder Yu.

« .. Euh.. Juste du lait chaud. Mais pas de chocolat dedans. S'il te plait. »

Les derniers mots avaient été très durs à arracher de ta gorge. Mais tu l'avais fait et ça t'avait soutiré l'esquisse d'un maigre sourire. C'était pourtant si délicieux de te voir satisfaite.. Et tellement rare, aussi. Profitant qu'il partait vers la cuisine, tu passes tes mains dans ton dos, retirant le lacet serrant ton corset, le défaisant petit à petit. C'est que c'était long à retirer, ces trucs-là. Tu fais baisser tes vêtements que tu laisses à tes pieds. Tu élèves ta voix, bien que peut-être trop faible pour qu'il l'entende de là où il était. T'auras essayé, au moins..

« Je mets où mes fringues mouillées ? »

Dégrafant ton soutif, des mèches de cheveux tombaient sur tes omoplates nues, des gouttes ruisselant jusqu'à ta culotte. C'était assez désagréable, comme sensation. Mais tu t'en contentais. Tu retiras le soutien, le laissant également partir à tes pieds tandis que tu te penchais sur les vêtements qu'il t'avait prêté. Tu enfiles d'abord le pantalon qui, tout de suite, tombe d'un côté de ta hanche. Au moins il ne tombait pas tout à fait, c'était déjà ça. Ne parlons même pas du t-shirt qui te faisait un décolleté incroyablement large. Et les manches aussi étaient trop grandes. Au moins ça t'évitera de te brûler avec ton lait..

« ... Merci. »

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Tu tires deux tasses d'un placard en hauteur dans la cuisine, entament la préparation de ton café plutôt que d'un cacao et de son lait chaud, t'offrant un morceau de chocolat noir amer en attendant. Tu buvais de temps en temps quelque chose de vaguement doux mais le sucre était pour toi prohibé, tu détestais ça. Pourtant, tu avais plutôt une tronche à manger des sucreries H24 que des tacos mais soit. Tu reviens dans le salon, les deux tasses en main, les déposant sur la table basse avant d'allumer la télé machinalement pour finalement ramasser les habits de la demoiselle sans faire attention au soutien-gorge dans la pile, allant les étendre sur l'étendage dans la même pièce, profitant au passage pour enlever tes habits sauf ton boxer - laissant apparaître tes cicatrices sur le flanc, l'omoplate et le torse, souvenirs de tes nombreuses opérations passées - car après tout toi aussi tu es trempé. Tu te retournes vers elle, sans aucune gêne, passant une main dans tes cheveux.

▬ Pas de quoi. J'vais me changer et je ferais à manger juste après. Mets toi à l'aise sur le canapé et repose toi un peu. Je t'apporterai de quoi faire baisser ta fièvre en même temps.

Tu montes une fois de plus jusqu'à ta chambre, enfilant simplement un survêtement et piochant dans ta pharmacie personnelle de quoi faire baisser la fièvre de ta convive avant de redescendre, te dirigeant vers la cuisine pour finalement t'arrêter dans l'encadrement de la porte.

▬ Tu veux manger quelque chose en particulier, Shizu ?

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Tes yeux se figèrent sur la télé. Tu ne répondis pas à Yu. Tu ne l'avais même pas entendu. Un incendie ? Tu te mordis la lèvre inférieure. C'était toi, qui avait fait ça ? Tu restes là, sans la moindre peur sur ton visage malgré ton cœur terrorisé. Tu n'avais pas envie d'y croire. Non, tu n'avais pas brûlé ces maisons, c'était impossible, tu étais avec Yu. Alors pourquoi est-ce que tu te sentais coupable ? Tu devais vérifier. Tu devais vérifier que ce n'était pas ta faute. Tu te sentais obligée. Alors dans un mouvement de panique, tu ouvris la porte d'entrée, ta Shugo te sautant au visage, aussi paniquée que toi visiblement.

« Shizuu ! Dès que j'ai su je suis venue ! J'avais peur que tu y ailles ! Mais il faut pas t'inquiéter, c'est pas toi ! C'est la cuisinière, ça a brûlé. Et j'étais inquiète ! Pourquoi t'es pas rentrée à la maison ? Moi j'étais triste, toute seule ! T'imagine si il t'était arrivé malheur ? Me laisse plus toute seule, Shizu, ça m'effraie ! »

Elle avait tout dit trop vite pour que tu en comprennes l’entièreté. Tu avais compris l'idée, au moins. Tu reculas d'un pas, fermas la porte. Un soupire t'échappa alors que tu t'assis là, par terre, en te serrant les coudes. Tu avais eu peur, très peur. La fièvre n'arrangeait rien. « Tu veux manger quelque chose en particulier, Shizu ? » Tu relèves la tête vers Yu, en reprenant ton souffle, tandis qu'Alice s'abrita dans ta chevelure humide.

« N'importe quoi, c'est bon. » Alice sortit, regarda Yu et sourit. « Avec du poisson cru ! C'est bon le poisson cru ! Des sushis aussi c'est bon, si y a du poisson cru ! En plus tu adores les sushis et les boules de riz, avec du poisson cru ! Et les algues séchées autour des boules de riz, mais surtout le poisson cru ! »

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Tu la regardes, l'air plus pâle encore que tout à l'heure, te demandant quelle pouvait être la raison de cet air paniqué avant de lever les yeux sur ce petit être en face de toi qui t'agresse pour du poisson crû. Indifférent, comme toujours, tout à l'air normal pour toi, pas une trace de surprise, rien, quedal. Tu te recules un peu d'elle, baillant un coup, lessivé par ta journée - bien qu'elle n'ait pas été réellement fatigante en soi, tu es juste un dormeur - avant de te gratter les cheveux en tournant les talons vers la cuisine.

▬ Ok, va pour n'importe quoi avec du poisson crû.

Tu t'arrêtes un instant pour regarder les informations qui déclaraient un incendie avec des morts, le feu s'étant déclenché avec la gazinière. Tu ne réagis même pas, te contentant d'hausser les épaules avant de retourner à ce qui te préoccupe un peu plus : le poisson crû. Pas de coeur ? Peut-être, oui. Rien n'était sûr avec toi.

Ouvrant le frigo, tu sors de quoi faire le repas en enfilant un tablier, te mettant un fourneau, préparant le riz au passage, manquant de tomber de sommeil. Il ne te faut qu'une vingtaine de minutes avant de revenir dans la cuisine avec un plateau où l'on peut y voir sushis et onigris de différentes tailles, normale pour Shizu et plus petites pour sa compagne.

▬ Je me suis permis d'en faire pour " elle " aussi, même si je ne sais pas si elle a faim.

Tu déposes le plateau sur la table basse avant de retourner à la cuisine, attrapant un sac plastique que tu ramènes, sortant des boîtes de divers médicaments que tu prends avec un verre d'eau, comme tous les jours, avant d'attaquer ton repas, bien plus léger que celui de la demoiselle, te recroquevillant sur le canapé en baillant, sortant ton téléphone de ta poche pour y voir un message.

▬ ... Faudra que je demande à quelqu'un de me rattraper mes cours tss ils sont chiants à jamais prévenir à l'avance. Bon appétit, au fait.

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Tu t'étais assise, sans gêne, dans le canapé, à bouffer tes boules de riz sans le remercier. Tu t'étais affalée devant la télé, le feu brûlant à l'écran, tes yeux restant figés dessus. Ce n'était pas par impolitesse que tu ne l'avais pas remercié. Ou alors peut-être un peu, mais c'était surtout parce que la télé t'avait hypnotisée. Chez toi, il n'y en avait pas. Il y avait une radio, parce que les images ne pouvaient alors pas rentrer dans ta tête. C'était choquant, parfois, c'était mauvais de regarder la télévision pour ça.

Tu étais restée là, affalée sur le canapé, hypnotisée, à te demander comment est-ce que des gens étaient assez malsains pour filmer un incendie pendant que tous les autres faisaient en sorte de sauver les victimes. Tu fronças les sourcils, arrêta de manger. Putain y avait ton père à la télévision.

C'est terrible. Moi aussi, autrefois, j'ai connu ça. Un incendie qui s'était propagé près de chez moi, qui a tué ma femme et mes enfants. Seul mon fils aîné en est ressorti vivant. Je ne souhaite à personne de vivre un événement pareil.

« Menteur. »

Ton regard était tranchant, destructeur, tu aurais pu brûler la télé rien qu'en la regardant si Alice avait accepté. Tes mains tremblaient, tu te mordais les lèvres. « Shizuu.. Chara-Change ! » Hop, oreilles de lapins sur la tête, tu lâches ton assiette. Les couleurs sur tes joues s'intensifient. Tu attrapes le bras de Yu et pose ta tête sur son épaule.

« Toi aussi, tu me mentirais ? Yu.. Promets-moi de ne pas me mentir. S'il te plait. »

Et forcément, tu relèves la tête vers lui, le t-shirt tombant sur ton épaule ainsi que.. Heureusement que tes cheveux cachaient plus ou moins ta poitrine, disons. Tu entre-ouvres les lèvres. Il fallait qu'il te réponde. Parce qu'Alice ne tiendrait pas longtemps en Chara-Change forcé.

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Comment tu as pu finir collé à une fille, levant ton assiette en l'air pour ne pas la renverser, écoutant d'une oreille le journal télévisé ? Aucune idée. Surtout que la demoiselle en question relève la tête vers toi, dégageant une vue plus que plaisante qui te force à détourner le regard alors que tes joues s'empourprent légèrement. Ne pas lui mentir ? En soi, tu ne lui avais même pas dit ton prénom en entier, alors ne pas lui mentir... Tu la repousses, doucement, posant ton assiette sur la table.

▬ Te dire que je ne te mentirais serait un euphémisme et je ne veux pas dire oui à une promesse qu'aucun humain ne peut respecter.

C'était dur, c'était dit froidement mais ça avait le mérite d'être clair. Tu passes ta main dans ses cheveux, remettant une mèche derrière son oreille avant de relever sa tenue.

▬ A toi de faire en sorte que je n'ai jamais à te mentir.

Tu la regardes, tu l'admires, et pourtant rien n'apparaît sur ton visage, tes rougeurs sont déjà parties. Un brouhaha se fait entendre de l'étage avant que ton shugo n'atterrisse en plein milieu de ton visage.

▬ ... Bon retour, Shiki.
▬ Je suis rentré ! Oh, y'a du monde ce soir ? Qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai raté quoi ?
▬ Ta gueule. Prends ta part du repas.

Le regard du shugo s'émerveille et il se jette sur la nourriture sans faire attention aux demoiselles tandis que tu soupires. Quel bordel, tout ça.

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Tes yeux se plongent dans ceux de Yuichi pendant que ton souffle calme et chaud rythmait chacun des battements de ton cœur déchirant ta poitrine un peu plus à chaque seconde. Tes lèvres entre-ouvertes reprenaient des couleurs rosées au contact de la chaleur de tes divins soupirs. Tes battements de cils se font plus rapides et attentifs lorsque vient à ton oreille le fracas d'en-haut. Tes yeux quittent le contact délicieux qui remplissait ta poitrine d'une joie éphémère pour aller se poser directement sur la source du bruit.

Le petit personnage était atterri pile où tu regardais à peine quelques secondes auparavant tandis que tes cils le pointaient, dissimulant légèrement ton regard si doux. Les Chara-Change avaient toujours été ainsi avec Alice; mielleux, tendres, agréables, regrettables. Dieu savait à quel point tu le regrettais, en ce moment, les oreilles ayant disparu de ta chevelure humide lorsque ta petite lapine avait aperçu l'autre Shugo.

« Eeeh ? » Son petit corps flottant se rapproche rapidement de l'autre petit personnage, le détaillant de haut en bas. « Shizu, Shizu ! Il y a un autre Shugo ! Tu sais ce que ça veut dire ? Que je suis plus la seule ! Et que c'est bien, parce qu'être seule c'est pas bien ! Et que la sol.. »

La petite chose s'arrête rapidement de parler en remarquant l'énervement monopolisant tout ton visage. Un spasme nerveux envahit le coin de ton œil tandis que tu tentais tant bien que mal de ne pas l'écraser entre tes mains. Elle méritait sincèrement la mort et tu n'aurais jamais du faire un souhait aussi débile que celui qui l'avait fait naître. Le grincement de tes dents se fait audible et tu te retenais de ne pas hurler. Tu commençais à reprendre de l'énergie, c'était plutôt pas mal, non ? Non.

« Alice... » Tu sautes sur le bord du canapé. Tu t'étais mise à hurler. « ESPÈCE DE SALE PETITE CONNE. » Alice s'était réfugiée dans la chevelure de Yu, terrifiée.

Tu poses tes pieds au sol, dans un mouvement de grâce infinie malgré ton visage grognon et tes membres tendus. Tu prends tes chaussures et les enfiles.

« Je viendrai rechercher mes fringues en même temps que de te ramener les tiennes demain dans la soirée. Bonne nuit. »

La gêne t'envahissait, la honte te paralysait. Sauf que tu avais trouvé la force pour au moins te déplacer, et ça, c'était déjà trop. Alice tirait les mèches de Yu, dans l'espoir qu'il fasse quelque chose, lui chuchotant au creux de son oreille quelques mots inaudibles pour Shizu.

« J'ai pas envie de dormir dehors. »

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Tu la regardes s'énerver, tu la regardes s'emballer, tu comprends pas pourquoi, au fond elle est juste gênée, elle veut se planquer, c'est tout, c'est toujours tout. Tu la regardes s'éloigner de toi, échapper à la portée de ta main, de tes doigts, de toi, tout simplement. Tes mèches trop longues couvrent ton regard, même la petite voix fluette de l'être sur ta tête ne t'atteint pas. « Bonne nuit. » Non, la nuit ne sera pas bonne, elle ne pourra jamais être bonne, ni agréable, ni paisible, ni emplie de rêves et de projets d'un lendemain meilleur. Elle ne pourra pas l'être sans elle. C'est absurde. Idiot. Tu ne la connais pas. Elle ne sait rien de toi. Vous êtes des étrangers. Alors pourquoi tu te lèves ? Pourquoi tu attrapes doucement son bras, la relevant, délicatement, comme si tu avais peur qu'elle se brise ? Pourquoi ? Parce que t'es con, faible, et qu'elle t'intrigue. Qu'elle a ce petit quelque chose que les autres ont pas, qui fait que tu ne veux pas détourner le regard et pour une fois exister pour quelqu'un, voir ton reflet dans ses yeux et uniquement les siens.

▬ Ne pars pas.

Tu sais pas pourquoi t'as dit ça. Tu lèves tes yeux rubis vers elle. T'as l'air confus, t'as l'air perdu, mais ça se voit : tu es sincère, tu veux pas qu'elle te laisse. Et t'as peur. Elle doit pas savoir pourquoi mais même toi au fond t'en sais rien non plus. Le fait est simple : t'as peur que si elle passe cette porte elle passe la porte de sortie. De tout. De ta baraque, de cette soirée, de ta vie et ça putain t'en as pas envie, Yuichi. C'est la première expression qu'elle voit sur ton visage. Celle d'un ado paumé qui sait pas quoi faire, si ce n'est retenir ce qui dans l'instant présent est la seule chose qui compte. Tu sais pas pourquoi. T'as jamais su pourquoi. Au fond t'es juste... Juste quoi, hein, ouais, dis moi Yuichi, juste quoi ? Si tu le savais. T'as les tripes sans dessus dessous, ton être entier tremblotte et t'as l'impression que si elle enlève son bras ton monde volera en éclats.

▬ Je... Heu... N-Ne pars, Shizu. S'il te plaît.

Tu sens tes joues s'empourprer doucement, alors que tu baisses la tête. T'es faible, comme mec, comme homme, comme humain. Shiki semble surprit, il t'a jamais vu comme ça. Et toi non plus. T'es retourné à l'état de gosse. Et c'est pitoyable. Et attachant. Indescriptible, aussi.

Comme ce sentiment qui ébranle ton cœur que tu croyais congelé après toutes ces années.

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▽ Say something, look at me.

La paume de sa main chaude glisse contre la manche trop longue recouvrant ton bras frêle et tremblant. Tes yeux suivent le mouvement de ta tête, regardant discrètement son geste sans jugement. Alice était tombée de la chevelure de neige au même moment qu'il s'était levé, tombant pitoyablement sur le canapé telle une peluche inanimée. Ta langue passe doucement sur ton palais et tu entamas un mouvement de bras pour le faire lâcher alors qu'il haussait le ton de sa voix.

« Ne pars pas. »

Peut-être qu'il avait le droit de garder ton bras, finalement. Tu détends tes muscles calmement, le regard fixe plongé dans les détails de la porte face à toi. Chacun de tes membres lâchaient prise tandis que tes paupières commençaient à se faire lourdes. Rester était une erreur. Partir en était une plus grande encore. Malgré tout, tu restes immobile. Tes yeux le fixaient avec insistance de sous tes longs cils noirs encore humidifiés par la pluie. Sans vraiment le voir, tu l'observais. Ta fierté primait toujours sur tout. Encore plus dans ce genre de moments.

« La salle de bains. Je veux me laver. Et avoir un lit propre, une couverture et un oreiller. »

Tu étais désagréable, tu le savais. Tu l'avais toujours été sans même t'en rendre compte, ou en tous cas sans te rendre compte que c'était détestable. Parce qu'au contraire, ton père -ou ce qu'il en était- semblait fasciné par ce caractère trop fort et méchant que tu avais toujours adopté. Tu entre-ouvres les lèvres, ton souffle s'accorde au sien et tes battements de cils suivent la cadence. Tu passes ta langue sur tes lèvres trop sèches et trop froides. Tu passas rapidement ton regard sur Alice qui semblait mécontente. Tu grimaces un peu et rechigne avant de dire les mots magiques.

« .. S'il te plait ? »

T'étais vraiment pas douée pour ça, forcément. Alors Alice faisait signe de commencer un Chara-Change. Tu la fusilles du regard. Pas question qu'elle fasse le moindre mouvement. Elle se cache derrière le canapé mais t'envoie son regard suppliant, comme toujours. Tu soupires et regardes à nouveau Yu. Tu étais gênée et toujours avec un caractère de chien. Mais au moins tu disais les mots justes.

« Et si c'est juste un matelas par terre c'est bon aussi. T'es contente, ça va ? »

Elle refait la tête. Il fallait toujours que tu fasses quelque chose de trop. Tu gonfles les joues et regardes autre part. C'était trop gênant. Surtout devant lui. Pourquoi surtout, en fait ? Tu perds ton air grognon et le regardes.

« Je. Euh. J'ai quand-même envie de me laver, hein.. Alors euh. Voilà. »

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Honnêtement t'aurais probablement pleuré. Silencieusement, en boule dans un coin, dans une pièce noire. Seul. Mais t'aurais pleuré. T'aurais laissé des gouttes d'eau salées rouler sur tes joues parce qu'une inconnue voulait partir de chez toi. Dit comme ça, félicitations, tu es promu psychopathe. Quand elle s'est retournée, quand ces mots ont franchit ses lèvres, tu aurais pu pleurer. De soulagement. Ton cœur a manqué un battement le temps d'un instant. Et tes lèvres se sont étirées en un sourire, unique, doux, charmant, tendre, les joues un peu rougies. Trop tendre. Trop pour être celui accordé à une inconnue, pas assez pour une sœur, juste... Juste trop.

▬ Tout ce que tu voudras.

Trop bon, trop con. Trop mielleux, peut-être. Mais au fond c'était dans ta nature. Tu te dépêches de te retourner, saisissant sa main pour la conduire à l'étage, tes doigts entrelacés aux siens et tu trouves ça loin d'être désagréable, l'emmenant à la salle de bain, la laissant là avant de retourner ta chambre, préparant un futon à côté du lit. Pour toi, évidemment. Hors de question pour toi de la faire dormir par terre, tu possèdes un minimum de galanterie. Et tu t'allonges sur le futon, tandis que Shiki se pose sur ton bureau, baillant.

▬ Yu, tu vas retourner à l'hôpital ?
▬ ... Arrête de regarder mes sms, fouineur.
▬ Tu vas y rester longtemps ?
▬ Le temps des tests. Peut-être deux, trois jours.
▬ ... Je vois. Je viens ?
▬ Fais ce que tu veux.

Tu te roules en boule serrant ton oreiller contre toi. Tu détestes les hôpitaux. Tu détestes y aller aussi fréquemment. Et de toutes façons tu ne veux pas y penser. Tu veux juste... Juste penser à elle, profiter du temps passer aux côtés de Shizu.

Stupide.

Mais tellement toi.

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Tu le suis sans un mot, juste dans un silence apaisant qu'était le tien. Apaisant mais trop mystérieux pour être calme. Trop tendu pour être apaisé lui-même. Tu te retrouves face à la douche tandis qu'il s'en va. Est-ce qu'il avait vraiment dit que tu pouvais demander tout ce que tu voulais ? Un tendre sourire s'affiche sur ton visage alors qu'il ne peut pas le voir, bien qu'il y soit destiné. Tant pis.

Tu prends ta douche, rapidement, te prenant la tête comme à chaque fois que tu t'étais retrouvée sous un jet d'eau, pensant à tout et rien sans comprendre la moitié. C'était souvent comme ça avec toi comme avec beaucoup de gens. La douche était le parfait endroit pour réfléchir. Bizarrement, cette fois, sous la douche, il n'y avait pas eu une seule fois un passage de ton père ou d'Easter. Il n'y avait que Yu et la pluie, la danse, la vraie, pas juste celle que tu faisais pour attirer les pauvres âmes en manque de vérité.

Tu sors de la salle de bain avec simplement le haut que Yu t'avait prêté. Tu détestais dormir en te sentant emprisonnée, moins libre de tes mouvements. Surtout lorsqu'il s'agissait de tes jambes. Tu aspirais à une liberté infinie alors que tu n'étais qu'une chienne de plus dans une cage. Tu avais de drôles d'espoirs, misérable lapine. Tu appuies ton épaule contre le cadre de la porte en regardant Yu. Tu avais très bien entendu.

« Hôpital ? Tu as des problèmes de santé ? »

Tes pieds nus traversent la pièce et dépose le pantalon par terre, devant le lit. Tu maintiens ton regard vers lui.

« ... J'en comprends que tu me laisses le plumard ? »

» «Remember when i loved you.» Shizu
» Une petite tasse de thé [Shizu]
» Mais quelle adorable dé... jeune fille ! [PV Shizu]

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